Alors que nos mères ont fait l’objet d’une campagne contre l’allaitement et pour la liberté de la femme, on observe dans notre génération de jeunes mères un retour « aux sources ». Je préfère prévenir, loin de moi l’idée de me plonger dans le débat pour ou contre l’allaitement ! C’est et cela restera un choix extrêmement personnel. Nourrir son bébé au sein est quelque chose de si intime qu’il faut vraiment le sentir au fond de soi.

Aujourd’hui je reviens simplement sur mon expérience personnelle et les enseignements que j’en ai tirés. J’espère que cet article pourra t’aider à y voir plus clair sur ce que veut véritablement dire « allaiter », c’est-à-dire, nourrir son bébé au lait maternel.
Avant d’accoucher je m’étais dit que je tenterais bien l’aventure, d’abord plutôt par flemme des biberons, puis pour le bien de mon bébé et enfin par économie. C’est vrai qu’allaiter a plein d’avantages, notamment financiers mais heureusement, pas que ! Tu pourras les trouver dans la première partie de cet article.
Je me suis donc lancée sans vraiment avoir pesé les pour et les contre ni rien prévoir de précis en terme de durée. Par chance, l’allaitement s’est rapidement mis en place alors j’ai continué. L’habitude s’installant, j’ai finalement allaité jusqu’aux 6 mois de Lazare. Je crois que j’aurais pu continué mais allaiter a également ses inconvénients que j’aborde en toute honnêteté dans la seconde partie de cet article.
Enfin, si tu souhaites toi aussi te lancer dans la grande aventure de l’allaitement, va voir mon article dans lequel je te donne mes tips appris sur le tas pour gérer au mieux cette période (à venir). Bonne lecture !
Les avantages de l’allaitement
Les avantages pour le bébé
- La meilleure nourriture c’est ce qu’offre la nature
On ne va pas se mentir, le lait maternel contient tout ce dont le nouveau-né a besoin et en plus il s’adapte à ses besoins en fonction de son âge et des périodes qu’il traverse comme les pics de croissance : parfois plus liquide ou plus dense, plus léger ou plus nourrissant. C’est presque magique !
- Une meilleure digestion
Le lait maternel est plus digeste que le lait en poudre et permet souvent d’éviter les coliques, ces affreuses crises de pleurs interminables de certains bébés, en développant la flore intestinale. Heureusement Lazare n’a pas souffert de coliques mais quelques parents en ont vécu dans mon entourage et je peux te dire que c’est le genre de souvenir qui reste marqué à jamais. Un véritable enfer pour les bébés et les parents.
- Des défenses immunitaires au top
C’est prouvé, les bébés exclusivement allaités ont de meilleures défenses immunitaires, notamment contre les allergies mais aussi contre les risques d’obésité, les otites et les infections respiratoires graves. Oui, rien que ça !
Les avantages pour la maman
- Un ego trip qui fait du bien
Voir son bébé grandir et s’épanouir et se dire que c’est grâce à nous, c’est quand même le best ego trip que tu pourras vivre. Déjà, tu l’as porté pendant 9 mois, mais en plus en l’allaitant tu continues de lui apporter tout ce dont il a besoin pour être en pleine forme et se développer correctement. Dans cette période un peu compliquée qu’est le post partum (cf mon article à ce sujet), c’est le genre de fierté qui fait du bien au moral.
- Renforcer les liens avec son bébé
Quand on allaite, on le fait entre 8 et 12 fois par jour pour une durée de 10 à 30 minutes à chaque fois. Fait le calcul, ça fait un sacré bout de temps collé à ton bébé. Alors forcément, ça rapproche ! Sachant que la distance à laquelle peut voir le bébé au début est égale à celle qu’il y a entre le sein et ton visage de maman, tu es donc la première personne qu’il reconnaîtra. Il s’habitue aussi à ton odeur et à ta voix, qu’il connaît déjà un peu après tout ce temps passé dans ton ventre. Tous ces petits moments mis bout à bout créent des liens qui restent gravés à vie.
- Aider son corps à se remettre de l’accouchement
L’allaitement c’est magique pour le bébé mais aussi pour la maman ! Le fait d’allaiter produit de l’ocytocine, l’hormone de l’accouchement qui est naturellement sécrétée par le cerveau. Et… elle a le même effet que l’alcool et les opiacés #vismaviedejunkie. Elle est produite lorsque le bébé tête au sein et envoie les bons signaux à l’utérus pour qu’il retrouve sa taille et sa position pré grossesse au plus vite. En plus de diffuser un bien être général qui aide à la détente et au relâchement du stress.
- Une logistique open bar et écolo
L’allaitement permet aussi de réduire les hémorragies post partum et de retarder le retour de couche, c’est-à-dire le moment de retour de tes règles. Histoire d’éviter la petite surprise sympa de tomber à nouveau enceinte quelques semaines après ton accouchement. Mais siiiii, demande autour de toi, je suis sûre que tu connais une femme à qui c’est déjà arrivé.
Allaiter permet de ne pas avoir à gérer les biberons de lait en poudre et toute la logistique associée. En effet, le lait maternel c’est open bar : texture et température idéale, 24/24 et 7/7 en libre service. J’avoue que c’est l’un des points qui au départ m’a fait pencher en sa faveur. Ça a quand même un côté pratique qui reste à ce jour inégalé !
Bon, on va allaiter.
Lucas
En plus c’est écolo et économique puisqu’on a pas besoin d’acheter tout l’attirail : biberons, lait en poudre, chauffe biberon et j’en passe. C’est ça en moins de frais pour le porte-monnaie et de plastique dans la nature. Un jour Lucas est tombé sur un tableau comparatif financier alimentation au lait en poudre VS allaitement. Sa conclusion a été sans appel : « Bon on va allaiter ».
- Perdre ses kilos de grossesse
Comme allaiter demande une énergie folle, ton corps puise dans tes réserves, notamment celles que tu t’es constituées pendant la grossesse. Alors que si tu n’allaites pas c’est forcément un peu plus difficile de taper dans ces petits kilos bien installés.
Donc oui allaiter peut aider à perdre ses kilos de grossesse mais allaiter donne faim, très faim. Et si tu ne suis pas un régime adéquat à une femme qui allaite, si tu manges trop ou n’importe quoi et n’importe comment, allaiter peut tout à fait avoir l’effet inverse. C’est à dire te faire grossir. Je t’explique comment éviter cela dans cet article sur mon rééquilibrage alimentaire post grossesse.
Les inconvénients de l’allaitement
Comme toute chose de la vie, l’allaitement n’a pas que des avantages. Les voici sans détour. Bien entendu, tout est basé sur ma propre expérience. Je ne suis pas là pour alimenter le débat sur l’allaitement mais bien pour essayer d’informer comme j’aurais aimé l’être avant de me lancer dans cette aventure.
- Des débuts difficiles
L’allaitement c’est naturel mais ce n’est pas inné. Personne ne nous a jamais appris à nourrir un bébé au sein. Alors quand on sort d’un accouchement parfois lui aussi éprouvant, qu’on est déjà au bout de sa vie et qu’en plus on doit enregistrer comment nourrir son bébé, ça peut être compliqué. Et en plus ça fait MAL. Ce moment où ton nouveau-né prend le sein les premières fois, tu ressens comme une décharge électrique qui te traverse de part en part. C’est une douleur vive et fulgurante qui m’amenait à chaque fois les larmes aux yeux.
Je me suis pourtant accrochée car on m’a promis que ça ne durerait pas toujours. Heureusement j’avais ma mère auprès de moi qui se souvenait de cette douleur intense. Elle a tout fait pour essayer de me soulager en me rassurant et m’aidant à bien m’installer au début. Heureusement, les crevasses et autres engorgements m’ont épargnée…
Cela a duré les trois premières semaines au moins, à CHAQUE tétée. Je peux te dire que j’ai serré les dents en songeant plus d’une fois à abandonner ! Finalement la douleur s’est peu à peu estompée et l’allaitement est devenu un vrai moment de complicité avec mon bébé, sans la douleur associée des débuts. Bref c’était plus que du kiff, mais qu’est-ce que c’était dur !
- Une fatigue intense
La fatigue des jeunes parents, on en parle souvent mais la vérité c’est qu’on ne peut pas la comprendre tant qu’on ne l’a pas vécue. Les premiers jours, on se fait réveiller deux, trois et même quatre fois par nuit mais on se dit que ça va. On gère. Et puis la fatigue s’accumule et c’est le coup de bambou. Tu te transformes en véritable zombie et tu te mets à enchainer les tâches sans réfléchir. Juste pour arriver au bout de cette foutue journée.
On avait prévu de se marier six mois après la naissance de Lazare et ce fameux coup de bambou m’a mise complètement à plat trois mois après sa naissance, pile au moment où je devais être à fond sur le mariage (cf mon article à ce sujet). Je n’avais plus la force pour rien. À ses 5 mois, alors que je suis retournée au travail tout en continuant d’allaiter exclusivement, je me suis carrément évanouie sur mon bureau. C’était juste après avoir été tiré mon lait.
J’avais fini par surnommer mon fils Dévoros.
L’allaitement demande une énergie énorme à la mère. C’est un véritable don de soi physique et mental. J’avais fini par surnommer mon fils Dévoros car en tétant j’avais l’impression qu’il aspirait mon énergie vitale. Alors oui c’est beau mais ça ne vient pas sans sacrifices.
- Une dépendance à la mère qui exclue le père
Quand on décide d’allaiter on se désigne automatiquement comme l’unique pourvoyeur de nourriture à notre bébé. Comme je l’ai dit plus haut, c’est vraiment un don de soi. C’est-à-dire qu’à part les quelques fois où on tire son lait on est TOUT LE TEMPS avec son bébé. Le jour, la nuit, la semaine, le weekend, tout le temps. Le bébé est dépendant de nous et le père et les autres peuvent difficilement s’introduire dans cette relation exclusive.
Cela n’a pas gêné Lucas qui avait un regard extrêmement bienveillant et même protecteur sur cette relation qui l’excluait par nature. C’était pour moi essentiel que le père approuve l’allaitement et le soutienne. Je n’aurais pas pu allaiter si cela n’avait pas été le cas. Il passait du temps avec Lazare autrement. Par exemple, il s’est mis un point d’honneur à ne jamais rater l’heure du bain. C’était leur moment père fils. Quand on est finalement passé au lait en poudre après 6 mois, on en a eu tous les deux les larmes aux yeux. C’était un vrai déchirement de mettre un terme à cette belle aventure.
Pour ma part je n’ai pas pratiqué le tire-lait qui aurait permis au père de nourrir le bébé. Je n’ai pas du tout aimé ça les quelques fois où j’ai essayé et je ne me suis plus forcée. Le lait ne coulait pas, ça me faisait mal et j’avais la vive impression d’être une vache laitière à ce moment-là. Ce qui n’est pas la sensation la plus agréable. D’ailleurs la seule fois où je l’ai vraiment utilisé, ça été pour mon EVJF. Je suis partie trois jours à Marrakech et cela a eu pour effet de mettre fin brutalement à mon allaitement exclusif.
Je connais pourtant des amies qui ont parfaitement fait usage du tire-lait, pour laisser leur bébé au papa ou à quelqu’un d’autre le temps d’un verre ou d’un weekend. Je crois que chacune doit vraiment le sentir.
- Le prolongement de l’abstinence festif
Tu viens de te taper 9 mois à regarder les autres trinquer à l’apéro, parfois même en ton honneur ou en celui de ton bébé (non mais lol) et tu décides en toute connaissance de cause de rempiler. C’est un peu l’effet que l’allaitement m’a fait. Et le nombre de fois où on m’a proposé un verre “Tiens maintenant que tu as accouché c’est bon tu peux trinquer ! Ben non, j’allaite. Ah oui, mince c’est pas de chance.”
Avant ma grossesse je n’étais pas spécialement une grande buveuse mais j’avoue qu’une petite coupe lors des grands événements ou un verre de vin rouge au dîner m’ont cruellement manqué.
Finalement c’est plus le côté mise à l’écart du groupe qui m’a le plus gêné. Résultat, je me gavais de bières sans alcool jusqu’à en avoir des ballonnements.
Il serait temps que les marchands de boissons nous proposent des produits sans alcool mais qui ne rende la fête pas moins folle… parce que le Perrier citron y a quand même plus fun quoi…
- Une poitrine qui change
De même qu’un corps ayant vécu une grossesse, une poitrine ayant vécu un allaitement ne sera plus jamais comme avant. Voilà c’est dit. Il ne faut pas se leurrer. Et pourtant ! Si c’était à refaire je le referais de la même façon. Bien sûr mes seins ne sont plus aussi hauts et toniques qu’avant mais ils on servi à nourrir mon enfant et à vivre cette expérience incroyable.
Je sais que beaucoup de jeunes ou de futures mères sont rebutées par cet aspect et je peux les comprendre. C’est un choix très personnel. J’ai décidé pour ma part de m’accepter telle que je suis. Après 30 ans il était temps ! Et ce corps qui a donné la vie en fait partie. Je reste très coquette mais mon apparence n’a plus autant d’importance pour moi qu’elle pouvait en avoir avant. Et franchement, ok la poitrine perd en fermeté, mais rien qu’un soutien-gorge ne puisse arranger.
Je m’épanouis bien plus dans les choses extérieures à moi-même comme partager (ou pas !) la meilleure pizza aux aubergines de Milan, la relation avec mon fils ou encore la découverte de nouvelles contrées. Ne serait-ce pas ce qu’on appelle la maturité 😅 ?
Voilà, j’espère que cet article t’a plu et t’en as appris un peu plus sur la vérité de l’allaitement. En conclusion, je dirais que l’allaitement c’est beau, c’est intense et ça ne vient pas sans quelques sacrifices. Mais ça ne dure qu’un temps, si peu dans une vie ! C’est le genre d’expérience que je suis reconnaissante d’avoir pu vivre, tout en comprenant parfaitement qu’on n’en ait ni l’envie ni la motivation.
Et toi, plutôt allaitement ou pas ? Est-ce que tu as découvert des choses sur l’allaitement en lisant cet article ?
J’ai illustré cet article avec les jolis dessins de @joolsannie que j’ai découverte sur instagram. Je les trouve à la fois enfantins et criant de vérité. N’hésites pas à la suivre si tu les aimes.
👏🏻👏🏻👏🏻 Super article. La construction était top et rendait la lecture hyper facile. J’ai appris plein de choses, et jai réalisé qu’il y avait beaucoup d’aspects de l’allaitement auquel je n’avais jamais pensé. Merci !