Si tu me suis sur Facebook ou Instagram, tu auras peut-être remarqué que j’ai littéralement disparu de la circulation virtuelle pendant quelques temps. Depuis le dimanche 13 septembre exactement. Jour où Lazare, mon fils de 17 mois, a cru amusant de faire faire le grand saut par-dessus le balcon à mon smartphone. Quatre étages ça ne pardonne pas pour ces petits bijoux de technologie. Et le temps que l’assurance ne m’en renvoie un autre, deux semaines se sont écoulées.
Évidemment, j’aurais pu courir dans le premier magasin venu pour m’en racheter un ou même harceler l’ensemble de mes contacts pour que l’on m’en prête. Mais tu sais quoi ? Je me suis dit que j’allais tenter l’expérience « no smartphone » le temps de récupérer le mien. Souvent, je suis nostalgique du temps où toutes ces technologies ne faisaient pas partie intégrante de nos vies, pas toi ? Je me suis dit que le destin me donnait une chance de m’en passer pour quelques jours alors voyons ce que ça donne. Et devine quoi ? J’ai globalement aimé ça. Et en plus j’ai appris plein de trucs ! Petit bilan de ces deux semaines déconnectées.

Les + de la déconnection
Je suis dans un meilleur mood global
Bon, je m’en doutais un peu mais voir la vie parfaite des autres défiler sur les stories et dans les posts Insta ça n’a pas un super impact sur le moral. Il y a des jours où je trouve ça génial et ça me donne envie de me dépasser pour réaliser mes rêves moi aussi. Je me sens inspirée ou je me réjouis pour les autres. Mais il y en d’autres, on ne va pas se mentir, des jours de m****, où ça me plombe carrément le moral de voir ce qu’ils font. Ainsi, le fait de ne pas avoir accès aux réseaux sociaux m’a évité quelques coups de blues dus à des comparaisons de toute façon complètement déplacées car on est tous différents.
« La routourne va vite tourner. »
Franck Ribery – un Chti comme moi ❤️
Je suis personnellement convaincue que notre heure viendra à tous (la routourne tourne et tout le tralala) et que la jalousie est le plus vilain et pernicieux des défauts. Il ne sert à rien de jalouser une personne pour ce qu’elle a ou vit aujourd’hui et maintenant. On ne peut savoir ce qu’elle a vécu ou traversé et si ce qu’elle montre sur les réseaux est le reflet de la réalité ou une version déformée et fake. Mais parfois on ne peut pas s’en empêcher. Je suis sûre que tu connais ce sentiment.
Je n’ai pas vu le temps passer
Les montres, ça n’a jamais été trop mon truc et depuis l’avènement des téléphones portables ça fait belle lurette que je n’en porte plus. Ça paraît bête mais l’une des qualités premières que je recherche dans un smartphone c’est sa capacité à me donner l’heure. Le fait de ne pas pouvoir savoir l’heure qu’il était à tout moment m’a permis de justement lâcher prise sur cette dictature de la pendule. Il fait encore nuit dehors mais j’ai les yeux grands ouverts ? Je ne me force plus à rester dans mon lit pour rien et je me plonge dans un livre. Lazare ne fait pas sa sieste du matin à 9h pile ? Ce n’est pas la fin du monde, il dormira plus tard. On s’amuse trop bien au parc mais je ne sais pas si c’est l’heure de rentrer pour le bain ? Pas grave, on continue de profiter !
J’ai développé mon sens de l’orientation
Je pense qu’il y a deux catégories de personnes : celles qui ont le sens de l’orientation et celles qui ne l’ont pas. Je fais, à ma grande fierté, partie de la première (alors que Lucas fait clairement partie de la seconde – il va me tuer pour ça). Malheureusement, avec tous les Google Maps, Ways, Mapstr and cie, ça fait quelques temps que cette qualité innée avait été balayée aux oubliettes. Et bien figure-toi que sans smartphone, je n’ai jamais aussi bien compris mon environnement et sa géographie. J’ai appris bon nombre de noms de rue et j’ai situé mentalement des quartiers entiers.
Tout ça parce que le simple fait de sortir de chez moi pour aller quelque part me force à faire travailler mes neurones. Et ce sentiment quand on tombe du premier coup sur la bonne rue et le bon numéro ! Tu as l’impression d’être Einstein back in the game. Résultat, je suis toute fière d’annoncer à Lucas que je connais très bien ce coin-là et que « ah oui, cette nouvelle adresse sympa ? Je connais bien le quartier. Suis-moi je t’y emmène les yeux fermés ».
« Les meilleures aventures arrivent quand on se perd. »
J’ai la prétention de dire que c’est de moi mais en réalité, je l’ai sûrement lu quelque part…
J’avoue, il m’est arrivé d’atterrir plus d’une fois dans des chemins de traverse #HPforlife mais ça fait partie du charme ! Ça m’a permis de découvrir des petits coins milanais insoupçonnés, des jolies rues ou des palazzi remarquables. Je pense que les meilleures aventures arrivent quand on se perd. Pas quand on ne suit bêtement un GPS de poche sans lever les yeux sur ce qui nous entoure. Tu n’es pas d’accord ?
J’ai parlé à des inconnus
Sans montre et sans GPS je me suis parfois trouvée dans des situations où j’ai été obligée de parler à des inconnus pour m’en sortir. Et devine quoi ? Les gens sont sympas. For real. On l’oublie souvent tellement nos smartphones nous donnent le sentiment que nous n’avons besoin de personne. Parler à des inconnus dans la rue, ça ne m’arrive jamais mais je pense maintenant que je me forcerais à le faire plus souvent.
Parce que j’avais besoin de savoir l’heure ou de connaître une direction à suivre, j’ai rencontré des gens improbables et j’ai adoré ça. Au parc par exemple j’accompagne Lazare dans les jeux et/ou je suis sur mon téléphone en train d’écrire des messages/ passer un appel. Et bien là je me suis rendue compte qu’il y a plein d’autres parents étrangers dans notre parc. Ainsi j’ai pu échangé avec une maman japonaise et une maman roumaine. Un père italien m’a parlé de ses études en France et on a discuté des avantages à vivre en Italie vs en France. Et une maman de mon immeuble m’a offert un caffè au bar du coin. C’est devenu ma copine. Bref tout un tas de rencontres enrichissantes qui m’ont aidé à faire passer le temps agréablement et qui n’auraient pas eu lieu si j’avais eu mon portable avec moi.
« Tu peux faire tous les efforts du monde, tu ne seras jamais l’une des nôtres, ton accent te trahira toujours. »
Un italien peu sympathique
Par contre quand j’ai demandé ma route à un italien dans la rue, il n’a pas hésité à me négliger comme il faut en me répondant en anglais. Je déteste quand ils font ça. Ça m’arrive parfois alors que je m’adresse à eux dans un italien fluide et sans hésitation et que ça fait deux ans que je vis à Milan. Comme pour te dire : « tu peux faire tous les efforts du monde, tu ne seras jamais l’une des nôtres, ton accent te trahira toujours. » Heureusement, ils ne le font pas tous et la plupart sont ravis et fiers que j’ai appris à parler leur langue et choisi de vivre dans leur pays (alors que tous les jeunes italiens cherchent à le fuir).
Je me suis consacrée à mes passions
Ce que j’aime par-dessous tout faire de mon temps libre c’est lire et écrire. On ne se rend pas compte à quel point le smartphone est chronophage. Par exemple dernièrement je me suis connectée sur Tik Tok pour regarder une vidéo de ma soeur. Trois heures plus tard, j’y étais toujours ! Ma soirée est passé comme ça, sans que je n’ai rien pu faire d’intéressant pour moi-même. Triste.
Donc là, sans smartphone je me rends compte que j’ai énormément de temps pour lire. Alors que je me plaignais sans arrêt qu’avec un enfant en bas âge je n’en n’avais jamais. De même pour l’écriture. J’ai repris un petit journal de bord, à l’ancienne. Où j’écris avec un stylo bic, et non plus sur un clavier dématérialisé. Le fait d’écrire me met dans un meilleur mood à lui seul tandis qu’analyser mes journées à travers mes lignes me permet de comprendre pourquoi je suis de bonne ou de mauvaise humeur et ce que je peux faire pour y remédier.
D’un autre côté j’ai pu cultivé ce vide fertile si important à la création mais si souvent négligé à cause des téléphones. D’habitude, quand j’ai un petit moment à ne rien faire, je le passe toujours sur mon écran alors que là, j’ai laissé mes pensées vagabonder. Résultat, j’ai eu plein de nouvelles idées d’articles pour mon blog (comme celui-ci). Et plein d’autres idées pour ma vie en général, que je me suis empressée de noter dans mon petit carnet.
J’ai passé du temps de qualité avec ma famille
Lazare est à un âge qui demande de plus en plus d’attention et où ses progrès se voient de jour en jour. Même si j’ai la chance de pouvoir passer beaucoup de temps avec lui (depuis la fin de mon congé mat, je travaille de la maison et je m’arrête à 17h pour aller le récupérer à la crèche), on ne passe pas forcément que des moments de qualité, ni même avec Lucas d’ailleurs.
Au parc, au restaurant, en balade ou à la maison, notre temps en famille est, malgré nous, rythmé par les notifications de nos téléphones. Parfois pour le meilleur comme lorsqu’on appelle la famille en visio pour qu’ils voient les évolutions de Lazare mais parfois – souvent – pour le pire. Nous empêchant d’avoir une discussion continue ou de mener un jeu sans interruption. Je sais que c’est le cas pour beaucoup et ça me désole mais je me dis que c’est aussi ça vivre avec son temps.
« Je vis l’instant présent sans interruption. »
Dorénavant, j’ai décidé que vivre avec mon temps oui, mais pas au détriment de nos moments en famille. Du coup je coupe les notifications quand on est ensemble, au resto ou au parc par exemple. Et ça change tout : je vis l’instant présent sans interruption (cf le livre indispensable d’Eckart Tolle).
Les – de la déconnection
Si globalement on peut dire que j’ai plutôt apprécié l’expérience, pour en établir un bilan honnête, je dois revenir sur les quelques points un peu moins cools dans le fait de ne pas avoir de smartphone.
Je me suis rendue compte que j’étais accro
Et c’est le genre de chose qui ne fait jamais plaisir. Cependant, je pense qu’on l’est tous à différents niveaux et que c’est un état de fait qui n’est pas irrémédiable. S’en rendre compte c’est déjà un premier pas vers la désintox. Le mode avion peut parfois être ton meilleur allié de vie. N’oublies pas ça.
Je me suis habillée n’importe comment
Je ne sais pas toi mais moi je regarde tous les matins Apple Météo pour décider comment je vais m’habiller. Et même si je sais que ce n’est pas l’appli la plus fiable, ça me donne un point de départ face à mon dressing. Du coup, sans l’appli à dispo, j’ai procédé à l’ancienne : j’entrouvre la fenêtre, j’observe la couleur du ciel d’un oeil scrutateur, je mouille mon index et je le tends dehors (pour connaître la direction du vent et sa puissance on ne sait jamais).
« Je ne connais que deux climats : quand il pleut et quand il fait beau, c’est-à-dire quand il ne pleut pas. »
Une Chti
Et surtout, j’essaye de faire confiance à mon instinct de Chti qui ne connaît que deux climats : quand il pleut et quand il fait beau (c’est-à-dire, quand il ne pleut pas). Toutes ces techniques étant plus ou moins aléatoires, je me suis retrouvée fagotée d’une robe légère par grosse pluie d’automne et j’ai habillé Lazare d’un pull en laine et d’un bonnet alors qu’il a fait 23 degrés à 11h. No comment.
J’ai fait défaut à mes amis
L’appli qui m’a le plus manquée de toutes c’est Whatsapp. C’est celle que j’utilise principalement pour communiquer avec mes amis et ma famille à Milan mais surtout à l’étranger. Au moment où j’écris ces lignes, je n’ai pas encore récupéré de téléphone. Je suis sûre que bon nombre de mes amis pense que je les snobe car je n’ai pas répondu à leur message ou je n’ai pas pris de leur nouvelle. Pour me rattraper, j’ai établi une liste des amis que je dois impérativement prendre le temps d’appeler quand j’en aurais à nouveau la possibilité. Car un appel vaut toujours mieux qu’un message quand on ne peut pas se voir en direct. Chers amis, si vous lisez ces lignes, pardonnez-moi et soyez assurés que je n’ai pas cessé de penser à vous.
Je n’ai aucun souvenir photo ou vidéo de mon fils
J’ai en ma possession un appareil photo reflex que je sors le weekend et que j’adore. Il me permet de prendre des photos réfléchies, posées et travaillées. Mais mon smartphone me permet de capturer les moments sur le vif avec mon fils. Parce qu’il est toujours à porter de main et que son appareil photo est facile à déclencher.
Pour moi qui vit à l’étranger, partager des photos et des vidéos de mon fils à ma famille et à mes amis (sur Whatsapp principalement même si j’en mets un peu sur les réseaux), me permet de les faire participer au processus de ses progrès et de ses découvertes. Pendant deux semaines je n’ai rien envoyé et je sais qu’ils en ont souffert. Tout comme moi qui n’ait aucune photo souvenir de cette première fois où il a fait le toboggan tout seul. Ou de la fois où il a baragouiné un « mameuh ». Je m’emploie donc à les graver dans ma mémoire en espérant qu’ils y restent.
J’espère que ce petit bilan d’expérience t’as fait réfléchir toi aussi et que tu regarderas ton smartphone d’un autre oeil maintenant que tu sais que tu est accro (si, si, je te jure !). En tout cas, n’hésites pas à me dire en commentaire ce que tu en as pensé et si tu avais déjà conscience de cette dépendance. A presto!
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